Aufsatz(elektronisch)24. Februar 2006

Ground Zero comme spectacle

In: Sociologie et sociétés, Band 37, Heft 1, S. 87-108

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Abstract

Le discours sur la globalisation avance que l'identité locale est de plus en plus menacée par la similarité croissante qui s'établit entre les villes, contribuant à uniformiser leur apparence jusqu'à les rendre indifférenciables les unes des autres. Une des fonctions (ou une des conséquences non anticipées) de cette menace est de dramatiser la question de l'identité elle-même, et va jusqu'à mettre en cause son caractère illusoire et désuet. Si l'« identité » fait référence à la différence que fait un lieu, ce qui semble se perdre, toujours selon cette perspective, c'est la différence elle-même. La valeur d'usage des villes apparaît de plus en plus être confondue par une conception de leur valeur d'échange. Cela signifie que si la globalisation tend à nous faire traiter de l'identité d'une ville comme New York comme d'une ville globale (comme le centre du capitalisme), l'identité devient simultanément une « variable » liée à une norme qui sanctionne des visions génériques de l'identité urbaine. En formant ce spectre, la globalisation tend aussi à nous faire réfléchir l'identité comme quelque chose de plus que cela, comme partie prenante d'une dynamique et du détail local d'un lieu (dans ce cas-ci, New York) comme expression de l'accent spécifique que met une ville sur ce que Louis Wirth a appelé un « mode de vie urbain ». Le site de Ground Zero fait apparaître et spectacularise les limites de la notion de ville globale en tant qu'identité, non pas en lui substituant une identité autre dans un processus infini, mais en révélant, comme tout travail présuppose dans le cas d'une telle caractérisation générique, une référence implicite et inédite à un système de désir. Dans les termes de la sociologie, ceci fait référence à la ville en tant que situation d'action. Affronter ce problème de la reconstruction à New York signifie alors faire face au problème de recréer le désir selon des modes beaucoup plus profonds que la simple restauration économique. Dans ce sens, l'attaque du World Trade Center soulève la vieille question de la différence entre urbanisation et urbanité, et celle de la manière par laquelle l'identité, comme problème collectif, est constamment retravaillée dans un tel lieu. La reconstruction de Ground Zero révèle les débats au sujet de la différence de New York comme ville.

Verlag

Consortium Erudit

ISSN: 0038-030X

DOI

10.7202/012278ar

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