Le boulangisme est-il antiparlementaire ?
In: Parlement[s], Revue d'histoire politique, Band HS 9, Heft 3, S. 49-58
Abstract
La crise boulangiste apparaît comme un moment fort de l'antiparlementarisme protestataire. Mais la complexité du mouvement boulangiste incite à réfléchir longuement à la nature de cet antiparlementarisme. Ses adversaires dénoncent un antiparlementarisme plébiscitaire et césarien, qui ne vise qu'à renverser la République pour faire le lit d'un homme providentiel. Mais Boulanger et son proche entourage s'en défendent, et l'on peut estimer que le discours de campagne boulangiste s'assimile plutôt à un antiparlementarisme fondamentalement populiste, adossé à la rhétorique protestataire des petits contre les gros. Mais on peut aussi y voir un antiparlementarisme fondamentalement démocratique, fondé sur le rejet des institutions bourgeoises de 1875, et qui semble dominant parmi les cadres et les militants du mouvement. Il s'agirait alors non d'un antiparlementarisme mais bien d'un « ultra-parlementarisme », très prégnant dans le discours du boulangisme parisien d'extrême gauche. Il ressort de cet inventaire une extraordinaire capacité du mouvement boulangiste à utiliser l'antiparlementarisme, dans ces différentes et fluctuantes acceptions, comme un thème récurrent et systématique de remise en question des élites républicaines.
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