Formation à la bioéthique en République Démocratique du Congo:expériences et défis ; Bioethics education in Democratic Republic of Congo:Experiences and challenges
In: Rennie , S , Ravez , L & Makindu , D 2018 , ' Formation à la bioéthique en République Démocratique du Congo : expériences et défis ' , Ethique et Sante , VOL. 15 , Numéro 3 , p. 192-200 . https://doi.org/10.1016/j.etiqe.2018.04.004
Abstract
Dans les régions marquées par un contexte socioéconomique difficile, les difficultés sont plus nombreuses qu'ailleurs pour ceux qui se donnent pour tâche de former à la réflexion éthique les professionnels de la santé et les chercheurs. Pour le montrer, nous évoquons dans cet article nos expériences en République Démocratique du Congo. Une première difficulté est à chercher du côté linguistique. En effet, la langue et la culture anglo-saxonnes dominent largement la discipline, compliquant la tâche de ceux qui maîtrisent mal l'anglais. Une deuxième difficulté à surmonter est d'ordre conceptuel. Les objectifs et le champ d'application de la bioéthique sont souvent mal compris, ce qui peut conduire à confondre les spécialistes de la discipline tantôt avec des moralistes surtout préoccupés par le progrès biotechnologique, tantôt avec des référents religieux. La troisième difficulté évoquée est de nature politique et culturelle. Lorsqu'elle entre en interaction avec des communautés très hiérarchisées et conservatrices, la posture critique de la bioéthique peut susciter des réactions de rejet. Ce sont sans doute ces difficultés qui ont alimenté certaines critiques acerbes sur la pertinence des formations à l'éthique dans des zones marquées par les urgences sanitaires et alimentaires ou certaines accusations présentant ces démarches comme un avatar de plus de l'impérialisme occidental. Tout en prenant au sérieux ces difficultés, nous montrons par nos expériences qu'elles peuvent être transformées en défis à relever. ; In regions marked by socio-economic turmoil, the task of teaching bioethics to health professionals and researchers can be more challenging than elsewhere. To demonstrate this, in this article we describe some of our teaching experiences in the Democratic Republic of Congo over the past decade. A first difficulty is linguistic. Anglo-Saxon language and culture largely dominates the field of bioethics, complicating teaching and education for those who do not master the language. A second obstacle is conceptual. Bioethics is often misunderstood as reflection on technological developments in medicine, which distorts its objectives and narrows its scope, particularly in resource-constrained settings. A third difficulty is cultural and political. Ethics in this setting is difficult to distinguish from common morality and the work of moralists, who comment on problems in medicine from a religious standpoint. Moreover, when interacting with communities and institutions that are strongly hierarchical, the critical stance of bioethics can give rise to resistance and rejection. These are among the array of difficulties that undoubtedly have given rise to sharp critiques of bioethics training initiatives in developing countries, where the introduction of bioethics has been depicted as a form of Western imperialism. While taking these criticisms seriously, our experiences in the field show how these seemingly insurmountable difficulties can be transformed into (more or less) manageable challenges.
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