Paysage-infrastructure ou de la dimension infrastructurelle du paysage
Abstract
L'hypothèse à l'origine de ce travail de recherche porte sur la possibilité d'accorder au paysage une « dimension infrastructurelle ». L'exploration de cette hypothèse s'appuie sur l'analyse d'un corpus de contributions s'inscrivant dans le cadre de la recherche scientifique et de la pratique professionnelle de l'approche nord-américaine du Landscape Urbanism et ses déclinaisons plus récentes Infrastructural Urbanism et Ecological Urbanism, ainsi que sur la démarche de conception à l'échelle territoriale Landscape (as) Infrastructure. Dispositif d'organisation de l'espace, l'infrastructure devient dans ce cadre le fonde- ment épistémologique d'une nouvelle approche critique de la pensée et de l'action dans les territoires métropolitains et ruraux. Nommée paysage-infrastructure en phase d'élaboration de l'hypothèse fonda- mentale de la recherche, cette approche repose sur une révision critique de la notion d'infrastructure, visant une double saisie ontologique, par sa fonction de vecteur et catalyseur de la transformation physique du milieu socio-écologique dans lequel il s'inscrit, ainsi qu'en terme d'outil conceptuel à même d'orienter le processus de conception à l'échelle territoriale et paysagère. La dimension infrastructurelle du paysage est abordée par le biais de cette relecture de la notion d'infra-structure, nourrie aussi par l'étude étymologique du terme. Elle met en avant les relations matérielles ou immatérielles entre éléments et acteurs hétéro- gènes et contemporains qui confèrent une cohérence d'ensemble à la trame paysagère ; c'est donc au prisme de ce caractère relationnel que se définit l'approche paysage-infrastructure. La deuxième partie de la thèse porte sur une mise à l'épreuve de l'approche paysage-infrastructure sur un terrain d'étude, le Parc National de l'Alta Murgia dans la région italienne des Pouilles. En décembre 2011, elle a fait l'objet d'une publication sous commande du Ministère Italien de l'Environnement pour l'Institut du Parc National. Cette expérimentation de terrain a permis de tester l'efficacité de l'approche proposée en terme d'outil opérationnel au service du processus d'aménagement amorcé par les politiques publiques locales ; elle a aboutie à une application de l'approche paysage-infrastructure aux perspectives de développement cernées par les principaux instruments de la planification territoriale et paysagère à l'échelle locale. La méthodologie adoptée intègre les analyses et les représentations mises au point dans le cadre des instruments de planification et les croise avec les résultats d'une enquête de terrain élaborée sur la base des conclusions de la première partie de la thèse. Elle renoue ensuite avec les orientations des instruments d'aménagement et planification locaux pour cerner une problématique spécifique touchant ce territoire dans son évolution actuelle : l'intégration paysagère de centrales solaires photovoltaïques dans le tissu rural de l'Alta Murgia. Au fil des dernières années, cet enjeu de l'aménage- ment du territoire a été source de controverses qui ont entraîné une mise en cause de l'effective soutenabilité et durabilité de ces projets, ainsi que de leur acceptabilité sociale et désirabilité. L'objectif final de la partie expérimentale de la thèse est donc la recherche de nouveaux modes d'intégration de ces dispositifs infrastructurels dans la trame paysagère de l'Alta Murgia. Balisée par les unités du tissu productif agricole et par le réseau local des infrastructures hydrauliques et de la mobilité, cette trame est appréhendée en tant que structure de support qui interagit avec le substrat hydro-géomorphologique ainsi qu'avec l'apport construit par le récent processus d'infrastructuration lié à l'implantation des nouveaux systèmes de production et distribution d'énergie par source renouvelable.
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