The Political Economy of Development of Nuclear Energy in Iran: 1957-2004 ; L'Economie Politique de Développement de l'Energie Nucléaire en Iran (1957-2004)
Abstract
"Atoms for Peace" was introduced in Iran under US initiative in 1957. The developing Iran of the era had of course no need of atomic technology. But paradoxically the technology will provide it some 45 years later the means of dissuasion against the United States itself; what we have labeled as "virtual dissuasion" in this study. Iran's participation in the "Atoms for Peace" program, like that of most other countries allowed the US to overcome its weakness for the control of this sector through creation of an international regime. The US will use the Indian explosion of 1974 as pretext to stop international cooperation in this field completely. With the entry of Europe and the Soviet Union in the commercial enrichment sector, the last means of control of the sector had escaped US power. The international nuclear sector presented no further interest to the US: its market share in the field of fabrication of reactors had diminished considerably with the entry of France and Germany in the market. With the entry of Urenco and Eurodif in the enrichment market, the international sector not only presented no more interest to the US, it also imposed a considerable detriment: that of increasing the cost of US military intervention abroad. The departure of British forces from the Golf had provided the Shah with the opportunity of assuming the role of regional superpower. But the Shah wanted sovereignty over his oil resources as payoff. Although the US had acquiesced this, the correction of falling petroleum prices through OPEC collective action was no longer acceptable. Added to this was the Shah's unwillingness to procure military and industrial equipment—including nuclear reactors—only from the US. The launch of the Iranian nuclear industry in 1974 takes place in this climate of tension between the US and Iran. The realization of this industry will be hindered by two types of US initiatives. On one hand the US will undertake actions to control nuclear suppliers, which will hinder the ability of Iran to build a complete nuclear cycle—Iran will however invest in Eurodif to ensure access to fuel. On the other hand the manipulation of the dollar exchange rate, decrease of international energy consumption and promotion of alternative sources of petroleum supply will put Iran's revenues and investment capacity under strain. The result will be popular dissatisfaction, which will be aggravated by the US targeting of Iran for its Human Rights shortcomings—ending in uprising and revolution. Our thesis holds that the revelation of Iranian enrichment capacity in 2002 serves two essential functions: first a "virtual dissuasion" against invasion of American forces that besiege Iran on all frontiers. Second, having demonstrated—and abandoned—military capability, Iran seeks to be finally able to operate its civilian nuclear industry. For the past 30 years this has been impossible as the US accused Iran of wanting to use this industry for military purposes. Faced with this, the US has 3 choices: veto of Iranian nuclear industry, accepting of civilian reactor operations without the fuel cycle, and accepting of complete Iranian sovereignty over its nuclear cycle. The veto option will require the utilization by the US of military or sabotage operations, pressure on Russia or internal unrest. We argue that neither is feasible or desirable for the US. The option of allowing civilian reactor operation can link provision of fuel to measures of democratization. This is the option that this study identifies as optimal for both sides. The EU and the IAEA can play a constructive role in this scenario. We conclude that increased democratization in Iran will also allow future cooperation between Iran, the US and Golf states, allowing Iran to assume the role of regional security. ; L'introduction de l'Atome en Iran s'est fait à l'initiative des Etats-Unis en 1957 dans le cadre du programme « Atomes pour la Paix. » L'Iran de l'époque n'avait aucun besoin de la technologie nucléaire. Mais cette même technologie a fourni les moyens de dissuasion contre les Etats-Unis même, 45 ans plus tard : l'Atome a paradoxalement servi pour la « paix en Iran ». L'initiative des Etats-Unis des années 1950 était basée sur leur position de faiblesse pour le contrôle du secteur nucléaire. La participation de l'Iran, comme des autres pays, au programme « Atomes pour la Paix » a permis aux Etats-Unis de créer un régime international afin de contrôler ce secteur. Les Etats-Unis ont utilisé l'accession de l'Inde (1974) à la capacité nucléaire militaire, comme prétexte pour empêcher l'accès de tout nouveau pays à l'utilisation de l'énergie nucléaire. Avec l'entrée de l'Europe dans le marché d'enrichissement, les Etats-Unis n'avaient plus aucun intérêt dans le maintien et la croissance du secteur nucléaire international. L'Inde avait fourni « l'événement » nécessaire pour justifier l'arrêt par les Etats-Unis de la coopération internationale dans ce domaine. Un marché qui ne lui servait plus à rien, et pourrait aussi augmenter le coût de ses interventions militaires. Le départ des forces britanniques du Golfe Persique en 1971 a fourni l'occasion pour le Shah d'assumer un rôle sécuritaire important dans la région. La contrepartie pour le Shah était la récupération totale des bénéfices de l'industrie pétrolière. Mais le Shah visait aussi d'enrayer la baisse continue des prix pétroliers en termes réels par le biais d'une action collective de l'OPEP, ce qui n'était plus acceptable pour les Etats-Unis. Ceci, couplé avec la volonté du Shah d'ajuster ses dépenses d'armement aux besoins du pays, et de se fournir chez les meilleurs fournisseurs et pas nécessairement aux Etats-Unis, a rendu le Shah un client inutile aux yeux de ces derniers. L'introduction de l'industrie nucléaire iranienne en 1974 s'est faite, dans ces conditions de méfiance entre les Etats-Unis et l'Iran. Ce programme accéléré était un des piliers de l'industrialisation accélérée du pays : d'une part la nation prévoyait un équilibre énergétique optimal, et d'autre part la diminution de l'utilisation du pétrole pour l'énergie, permettait son utilisation à des fins de diversification. Le moment précis du lancement de cette industrie était choisi pour deux raisons : d'abord l'augmentation des prix pétrolières fournissait les revenus nécessaires pour des investissements de cette envergure. Deuxièmement, en tant que puissance hégémonique régionale, l'Iran ne pouvait pas ignorer le statut nucléaire d'Israël et de l'Inde. Même si le programme de l'Iran était de nature strictement commerciale (usage civil), il fournissait deux éléments indispensables pour l'Iran. D'une part l'industrie nucléaire pouvait servir dans l'immédiat de symbole. D'autre part, la capacité de recherche et les technologies à double usage pouvaient fournir à l'Iran une capacité de dissuasion nucléaire dans le futur si besoin était. La réponse des Etats-Unis au défi de l'Iran a été un mélange de deux mesures : au niveau international le contrôle des fournisseurs nucléaires a rendu difficile la souveraineté iranienne sur son cycle de combustion. Les manipulations américaines des taux de change du dollar a renversé les gains temporaires des pays producteurs et a de facto annulé le redressement des cours du pétrole. Ceci a imposé des contraintes importantes sur les pays comme l'Iran, qui s'étaient engagés dans des programmes industriels et des investissements lourds. Notre thèse est que la divulgation en 2002, de la capacité d'enrichissement de l'Iran sert deux fonctions essentielles : installer une « dissuasion virtuelle » contre une invasion par les Etats-Unis, et rendre obsolètes les accusations des Etats-Unis sur l'utilité militaire des réacteurs civils de l'Iran. La position difficile des Etats-Unis en Irak, son désaccord avec les membres du Conseil de Sécurité, et son impopularité croissante dans les états du Golfe, ont rendu le moment de cette divulgation particulièrement bien choisi. Le programme de missile iranien est la deuxième composante de son système de dissuasion : la capacité d'enrichissement peut dissuader Etats-Unis de l'invasion, mais les missiles capables d'atteindre Tel-Aviv peuvent dissuader Israël de lancer une attaque nucléaire contre l'Iran. Parmi les trois choix disponibles aux Etats-Unis face à cette situation—veto, acceptation du nucléaire civil, acceptation du cycle complet de combustion—nous avons émis l'hypothèse que les Etats-Unis choisiront la deuxième, i.e. le fonctionnement de la centrale civile. L'option du veto nécessiterait de la part des Etats-Unis une intervention militaire ou un sabotage, des pressions sur la Russie, ou l'incitation aux troubles internes et au changement de régime. L'acceptation du nucléaire civil peut être liée à des mesures supplémentaires de démocratisation en Iran, notamment par le biais de contrats de fourniture d'uranium enrichi. L'Europe et l'AIEA peuvent jouer un rôle important pour l'implémentation de celui-ci. L'accélération du processus de démocratisation fournira plus de possibilités de coopération entre l'Iran et les Etats-Unis. Les intérêts communs des deux pays, gaz, pétrole et son passage libre garanti par la sécurité de la région fournissent des opportunités de coopération entre les deux nations. Cela doit d'abord passer par l'abandon d'une rhétorique hostile des deux côtés et la prise en considération des besoins légitimes de l'Iran en matière de sécurité. Des mesures à moyen et long terme nécessitent le renforcement du processus de démocratisation en Iran et peuvent aller, au delà de la coopération économique, jusqu'à la fourniture commune de sécurité dans le Golfe persique.
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