Evidence-based policies et pluralité des sciences
Abstract
C2 Symposium 5 "Recherche des effets et effets de la recherche: Problèmes pratiques et théoriques de l'investigation scientifique et de ses applications." ; Cette contribution entend tirer parti des débats qui se sont noués entre philosophes, praticiens et scientifiques autour de la notion d'« evidence based-medicine » (Fagot-Largeault 2010) puis, plus généralement, autour des diverses approches en termes d'« evidence-based decision », et qui ont permis d'approfondir la réflexion sur la différenciation des preuves utilisées dans la pratique (Laurent et al. 2010).Curieusement, ces acquis sont peu reliés aux résultats des recherches sur la pluralité des sciences (Kellert et al. 2006). Ceci conduit à minimiser l'hétérogénéité des programmes de recherches qui coexistent au sein des disciplines et les limites des preuves qu'ils produisent. Or chaque théorie, par construction, a des angles morts importants et des programmes de recherches contradictoires dans leurs présupposés théoriques peuvent fournir des éclairages complémentaires pour la décision. Ne pas tenir compte de cette dialectique peut aboutir à des représentations simplistes des problèmes de la pratique, très décalées des structures causales complexes auxquels les praticiens sont confrontés (Cartwright 2011). Ce faisant, lorsque ces limites ne sont pas explicitées, les solutions proposées peuvent être très mal adaptées aux objectifs poursuivis et porteuses d'effets pervers. Cette question sera abordée à partir du cas des dispositifs quasi-expérimentaux proposés pour l'évaluation des politiques (Labrousse 2010, Berriet et al. 2011), en nous appuyant sur l'exemple d'une évaluation conduite par E. Duflo et al (2009, 2011) pour évaluer l'impact demesures de développement agricole au Kenya. Nous verrons ainsi que de tels dispositifs produisent des preuves d'efficacité mais traitent de façon très rudimentaire des causes du succès ou de l'échec d'une action de développement. Ils ne permettent donc pas de savoir ce qui est extrapolable et sont inopérants pour concevoir de nouvelles mesures. En dépit de ces limites, les instigateurs de ces dispositifs font des recommandations pratiques précises. Elles sont très discutables si l'on considère les apports d'autres points de vue théoriques (Labarthe, Laurent 2011). En analysant la façon dont les auteurs passent de la création de preuve d'efficacité à celle de prescriptions normatives, nous nous interrogerons sur le domaine de validité et le statut épistémique d'un tel type de recommandations. Nous discuterons de l'intérêt d'une prise en compte explicite de la pluralité des sciences du point de vue de la pratique.
Themen
Sprachen
Französisch
Verlag
HAL CCSD
Problem melden